Le 28 février 2014, Marcel LUGAND recevait la légion d'Honneur des mains du Préfet de L'ain, Laurent TOUVET.

 

Marcel LUGAND est le dernier survivant du célèbre défilé d'Oyonnax le 11 novembre 1943, 131 maquisard défilaient, drapeau en tête, il en était le clairon.

Ce défilé a fait prendre conscience à CHURCHILL et ROOSEVELT qu'il était temps d'armer les maquisards.

Etaient présents à cette cérémonie Madame Eléodie SCHES, Sous-Préfète, Monsieur Michel PERRAUD, Maire d'Oyonnax, Le Médecin Général Jean-Paul LA BATIE, Président de la section de l'Ain de la Société des Membres de la Légion d'Honneur, Madame Aline GUELPA, vice Présidente des Maquis de l'Ain et Haut-Jura et Présidente de l'Union locale de la Résistance d'Oyonnax.

 

La croix lui fut remise en présence de sa famille et de ses amis, et en fin de cérémonie après qu'il eut remercié les autorités dans son allocution, un de ses petits fils, agé de deux ans et demi, sur la demande du Maire, a entonné La Marseillaise à capella déclenchant l'étonnement et l'admiration de l'assistance.

 

Allocution de Marcel LUGAND:

Monsieur le préfet, au moment ou vous me recevez dans l’ordre national de la légion d’honneur, je tiens à vous exprimer ma profonde gratitude pour m’avoir permis d’accéder à cette distinction. C’est un honneur pour moi que vous ayez accepté de me remettre cette décoration.

Je vous remercie des propos que vous avez formulés et  j’en suis très ému.

Si  je suis aujourd’hui  le seul récipiendaire, je tiens à partager cette légion d’honneur avec tous mes camarades du maquis qui n’ont pas eu la chance de vivre assez longtemps pour être avec nous aujourd’hui:  tous  ceux du camp Verduraz, ainsi que tous ceux qui ont participé ou qui ont encadré ici même le défilé du 11 novembre 1943. Nous avons passé  ensemble des moments forts que l’on ne peut oublier.  J’aurai évidemment préféré que nous soyons plus nombreux à recevoir cette distinction.  Il y a seulement 5 ans mes camarades étaient encore une demi-douzaine et tous méritaient d’être honorés.

A la fin de la guerre, nous avons enfouis en nous tout ce que nous avions vécus.  Nous avons été pris par notre travail, par notre famille. Il fallait vivre et le monde changeait. Il nous était difficile de partager nos souvenirs  de cette période qui avait été si intense avec ceux de notre entourage qui ne l’avait pas vécu, surtout si comme moi, on avait quitté la région ou cela s’était passé.

 A l’heure de la retraite, je suis revenu dans mon village natal et petit à petit, lors des cérémonies de commémorations,  j’ai renoué des liens avec quelques uns de mes anciens compagnons. Chaque rencontre était l’occasion de  nous remémorer ces moments de notre jeunesse, mais cela restait notre histoire.

Lorsqu’à l’automne dernier il a été question d’une grande cérémonie et d’une grande fête populaire  pour commémorer le 11 novembre 1943 à Oyonnax , j’ai d’abord été un peu surpris : cet épisode était donc encore bien vivant dans la mémoire de nos contemporains ? Est-ce que les jeunes générations s’intéressaient vraiment à cette période de l’histoire de leur pays ?   Et puis tout s’est enchainé. Il y a eu des interviews dans les journaux, à  la télévision. Bien qu’heureux d’avoir l’occasion de revivre ma jeunesse,   j’ai été quelquefois agacé par ces journalistes qui posaient toujours les mêmes questions ….sans toujours écouter les réponses, mais j’étais heureux de savoir que cela serait publié et que cela toucherait beaucoup de monde. la suite l’a démontré,  j’ai reçu énormément de messages de familles de maquisards, de descendants qui voulaient en savoir plus sur la jeunesse de leur père qui avait disparu sans rien leur transmettre de cette période.  J’ai reçu également  plusieurs lettres de toute la France, de la part de  personnes totalement anonymes qui me transmettaient simplement leur amitié.

Depuis ma nomination dans l’ordre de la légion d’honneur, les messages de sympathie se sont encore multipliés. Certains jours j’ai  l’impression d’un tourbillon. Mais lorsque toute cette pression sera retombée, je pense que je garderai de ces quelques mois un souvenir impérissable.

Alors pour terminer je voudrais exprimer mes remerciements à monsieur le maire d’Oyonnax pour son accueil si chaleureux et ma profonde reconnaissance l’association des Maquis de l’Ain et du Jura,  et son président  Jean Rivon qui n’a pu être parmi nous, à monsieur PIerre-yves PRIGENT    ainsi qu’à Aline qui a été toujours présente quand ma famille et moi-même ne savions plus trop ou tout cela allait nous mener.

Encore merci à tous.

 

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